David Venitucci par Raphaël Rinaldi

 

Bien que nous nous soyons auparavant croisés à plusieurs reprises, ma véritable rencontre avec David eut lieu à travers sa musique, en 2003, lorsque Harmonia Mundi nous fit parvenir en avant-première son disque solo Cascade. Ce qui frappe immédiatement avec sa musique, c'est son inventivité harmonique et rythmique. Que ce soit sur des compositions originales ou non, en solo, en duo avec Annick Cisaruk, ou au sein de son trio, David a ce sens de l’arrangement capable de faire de morceaux intemporels comme «Avec le Temps» de Léo Ferré de véritables créations. Mais ce qui frappe peut-être plus encore, et qui fait que son jeu serait reconnaissable entre mille, c’est sa dextérité des deux mains. David, qui fait partie du cercle très fermé des musiciens n’utilisant que des basses chromatiques, a de surcroît cette capacité d’improviser des deux mains.

 

Lorsqu’en 2005, à l’occasion des finales du concours UNAF, David Venitucci confia à Jean Appéré qu’il cherchait à remplacer son accordéon en fin de vie, ce dernier lui fit part du projet Fisart sur lequel nous travaillions ensemble depuis novembre 2002. Un rendez-vous fut pris pour que je vienne lui présenter notre gamme, et après une journée entière passée ensemble à essayer nos modèles, deux instruments retinrent son attention: d’une part le modèle Osmose, pour sa compacité, et d’autre part le Récital ­— notre modèle Bayan — pour la profondeur de ses basses montées sur plaques. Nous décidâmes d’élaborer ensemble un nouvel instrument qui réunirait ces deux qualités.

 

Giancarlo Vignoni dut mettre en œuvre toute son ingénierie pour résoudre cette équation. Pour pouvoir utiliser une caisse d’Osmose haute de seulement 44,5 cm, nous ôtâmes une anche, passant de 15 à 14. Le répertoire de David ne nécessitant pas d’aller aussi bas dans les graves qu’un modèle Récital, nous décidâmes de ne descendre qu’au sol et non au mi. Nous voulions limiter la disparité sonore qu’il existe naturellement entre les grosses et petites basses (terzets) montées sur plaque d’une part et le reste des anches montées plus classiquement sur châssis individuels. Le prototype créé pour David a donné naissance au modèle Osmose plus qui depuis a évolué pour passer de 58 à 61 notes au chant et de 5 à 8 mentonnières.

 

Le jeu de la main droite extrêmement vif de David rend la qualité des réglages mécaniques critique. Son expérience de la scène nous a permis d’affiner notre travail de mise au point des claviers et d’en faire profiter nos clients utilisant le même type d'instrument.

 

Le quartet de Renaud Garcia-Fons. Photo Jan Scheffner (droits réservés).Le quartet de Renaud Garcia-Fons. Photo Jan Scheffner (droits réservés).

En découvrant son accordéon à l’été 2006, David était épaté par le son des basses, et heureux comme un (grand) enfant! Il l’utilisera pour la première fois en concert au festival Le Grand soufflet en octobre 2006, pour son projet solo Cascade. David y fera l’unanimité auprès d’un public venant aussi bien du monde du diatonique que du chromatique, comme auprès des techniciens et bénévoles. En 2009, il enregistrera La linea de Sur avec le quartet de Renaud Garcia-Fons. Ce projet sera un énorme succès en France et à travers le monde puisqu’il sera joué pendant plus de quatre ans.

 

En 2015, David poursuivra sa collaboration avec Renaud Garcia-Fons, dans le cadre du nouveau trio de ce dernier et de l’album à venir Revoir Paris, aux côtés de Stephan Carracci au vibraphone. Il accompagnera également la chanteuse Annick Cisaruk dans deux nouveaux projets: Léo Ferré, ne chantez pas l'amour dont il a écrit les arrangements ainsi qu’un spectacle sur des textes de Yanowski et sur ses compositions. David Venitucci accompagnera Patricia Petibon suite à l’enregistrement de La Belle excentrique tout juste paru (octobre 2014) sur le label Deutch Grammophon. Enfin, il sera en tournée pour Travelling qu’il a composé pour son trio avec Denis Leloup au trombone, Christophe Marguet à la batterie.